
L’Australie est le seul pays à imposer un travel ban pour protéger ses citoyens pendant la crise sanitaire actuelle. Que cela signifie-il pour ses habitants de ne pas pouvoir voyager à l’international ?
Vivre dans une bulle
Avant la COVID-19, les Australiens étaient sixièmes au classement des nations qui dépensent le plus pour voyager à l’étranger. Un chiffre impressionnant pour une population de seulement 25 millions de personnes !
Début septembre, le gouvernement a annoncé la prolongation de la « période d’urgence relative à la biosécurité humaine » et donc du travel ban pour l’Australie, soit l’interdiction totale des voyages internationaux jusqu’au 17 décembre 2020 au moins.
Le gouvernement australien ne souhaite prendre aucun risque et a décidé de limiter tous les déplacements. Ces restrictions s’appliquent aussi entre certains États australiens.
En Australie, l’industrie du tourisme enregistre des pertes phénoménales depuis le début de la crise. Un manque à gagner de plus de 10 milliards de dollars par mois, dont près de 6 milliards de dollars en voyages intérieurs et 4 milliards de dollars en dépenses touristiques, a déclaré le Tourism and Transport Forum.
“Le budget fédéral a déjà anticipé qu’aucune recette liée au tourisme ne serait engrangée jusqu’au 30 juin 2021”
Sur 25 millions d’habitants que compte le pays, plus de 12 millions sont salariés, dont 1 million dans le secteur du tourisme. Les conséquences désastreuses du coronavirus ont entraîné la perte de 532 000 emplois en 2020 dans cette industrie.
Le mois dernier, le Premier ministre Scott Morrison a déclaré qu’il était « peu probable » que les frontières de l’Australie rouvrent avant Noël.

L’espoir : une bulle de voyage entre pays voisins
La baisse des cas de coronavirus en Australie a de nouveau soulevé la question d’une « bulle de voyage » Trans-Tasman. Une telle bulle entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande signifierait que les résidents pourraient voyager entre les deux pays, sans effectuer de quarantaine obligatoire.
Pour rappel, en avril, le nombre de cas en Australie et en Nouvelle-Zélande étaient alors considérés comme suffisamment faibles pour que la perspective d’une bulle de voyage Trans-Tasman soit évoquée. Mais la mise en place de cette idée a été retardée en raison de la deuxième vague de coronavirus dans le Victoria et notamment à Melbourne. Les habitants y sont toujours confinés et leurs déplacements limités dans un rayon de 5 kilomètres depuis le 8 juillet.
Alors, où en sommes-nous exactement avec cette bulle ?
Il y a quelques semaines, le Premier ministre Scott Morrison a suggéré qu’une éventuelle bulle de voyage pourrait fonctionner entre des régions qui n’ont pas été touchées par la pandémie. Cela permettrait aux voyageurs de Nouvelle-Zélande d’atterrir en Australie sans se soumettre à la quarantaine en vigueur.
« Par exemple, l’ensemble de l’île du Sud est une zone où il n’y a pas de COVID », a-t-il déclaré. « Nous souhaitons que ceux qui rentrent en Australie en provenance de Nouvelle-Zélande n’aient pas à s’isoler pendant 14 jours. Cela permettrait à un plus grand nombre d’Australiens de rentrer chez eux. » Il a également précisé qu’environ 15 % des Australiens de retour dans leur pays arrivaient de Nouvelle-Zélande.
Le Department of Foreign Affairs and Trade (DFAT) a estimé que 36 000 citoyens australiens vivent à l’étranger, dont 27 000 souhaitent rentrer chez eux.
Aux dernières nouvelles, à partir du vendredi 16 octobre, les Néo-Zélandais pourront enfin se rendre en Nouvelle-Galles du Sud, dans le Territoire de la Capitale australienne et dans le Territoire du Nord. Une première étape vers une bulle de voyage Trans-Tasmans !
Une aubaine pour de nombreuses familles qui pourront enfin se retrouver, et de nouvelles retombées économiques positives pour la Nouvelle-Galles du Sud et le Territoire du Nord.
En vertu de cet accord, les résidents néo-zélandais qui n’ont pas séjourné dans un hotspot dans les 14 jours précédant leur départ du pays pourront prendre l’avion et entrer en Nouvelle-Galles du Sud et dans le Territoire du Nord sans avoir à se mettre en quarantaine.
Cependant, les Néo-Zélandais devront toujours se plier à la quarantaine en vigueur à leur retour. Soit 14 jours dans un établissement désigné et ils devront s’acquitter des frais de quarantaine de 3 100 $ NZ.
Quoiqu’il en soit, cela reste une grande nouvelle pour le tourisme australien et un premier pas pour l’industrie du voyage en général.
Malheureusement, l’accord n’est pour le moment qu’à sens unique, de la Nouvelle-Zélande vers l’Australie. Nous devons encore attendre les détails sur la date exacte à laquelle – avant Noël si tout se passe bien – les Australiens pourraient à nouveau voyager en Nouvelle-Zélande.

Qu’en est-il des autres pays ?
Le Premier ministre Scott Morrison envisage un « système de feux de signalisation », qui permettrait aux Australiens de visiter certains pays ayant enregistré peu de cas de contamination. Le Japon, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande ont été mentionnés, à l’instar de certaines îles du Pacifique telle que Fidji. Cependant, il reste à déterminer si ces pays seraient prêts à accepter des touristes australiens.
Le Japon a indiqué qu’il envisageait d’autoriser les Australiens à entrer dans le pays dans les prochains mois. En revanche, une période de quarantaine de 14 jours serait requise.
La question de la quarantaine et les défis qu’elle impose à un secteur du tourisme déjà fragilisé sont également pris en compte dans la stratégie du gouvernement. Scott Morrison envisage de permettre aux voyageurs revenant de pays à faible risque de procéder aux modalités de la quarantaine chez eux. Actuellement, les frais d’hébergement relatifs au placement en quarantaine sont à la charge des particuliers. Autrement dit, des sommes pouvant atteindre plus de 4 000 dollars pour un adulte.
Autoriser la mise en quarantaine à domicile, dans des situations à faible risque, permettrait aux voyageurs d’économiser des frais élevés et particulièrement contestés.
Les objectifs du gouvernement abordent également la question des voyages inter-états, en appelant tous les États australiens à rouvrir leurs frontières d’ici le 1er décembre. Plus tôt en septembre, Morrison a annoncé que tous les États, à l’exception de l’Australie-Occidentale, s’étaient engagés à rouvrir leurs frontières avant Noël.
Les nouvelles tendances de voyage pour les Australiens
Qantas et ses vols vers nulle part : au cas où cela vous aurait échappé, Qantas vient de commercialiser un vol de sept heures à travers l’Australie, volant sur l’un de ses Dreamliner 787-9 – The Great Southern Land.
La demande était si forte que dix minutes auront suffi pour écouler les 134 sièges ! Ce vol décollera de Sydney le samedi 10 octobre et remontera la côte de la Nouvelle-Galles du Sud, traversera la frontière du Queensland pour survoler la Gold Coast, Brisbane et la Sunshine Coast avant de continuer son périple vers le nord pour survoler les Whitsundays et la Grande Barrière de Corail. Pour terminer, il atterrira à son point de départ à Sydney. Les billets d’avion se sont vendus pour de coquettes sommes : 1 787 $ en classe économique, 1 787 $ en classe économique Premium et 3 787 $ en classe affaires.

Tourisme en Australie : les Australiens sont encouragés à découvrir leur propre pays. Selon une enquête de Tourism Research Australia, plus de 500 000 Australiens se disent prêts à partir en camping ou en camping-car au cours des deux prochains mois.
Cela pourrait contribuer à relancer le marché touristique intérieur et stimuler l’économie.
Cette même enquête a également révélé que le budget moyen dépensé par séjour s’élève à 584 $. Autrement dit, plus de 292 millions de dollars pourraient être injectés directement dans les zones régionales en difficulté.
« Ce n’est un secret pour personne. Les Australiens aiment voyager et le coronavirus n’a pas atténué ce sentiment », a confié Philippa Harrison, directrice générale de Tourism Australia.
L’objectif de Tourism Australia ? Inciter les personnes intéressées par des vacances à l’étranger à voyager localement lorsque les restrictions disparaîtront.
À l’heure actuelle, la meilleure aide que nous pouvons apporter à la suite de cette crise est de faire vivre le tourisme local.
©Caleb George ©David Clode
En manque de lecture d’aventure ? Découvrez l’incroyable défi que s’était lancé David Debrincat en 2020 : 5000 km à pied à travers l’Australie.
Excellent papier. Merci pour toutes ces informations.