
Elise Léger est une jeune femme dynamique, engagée auprès de la communauté française en Australie. Installée à Sydney depuis 6 ans, la Française de 32 ans se présente aux prochaines élections des conseillers des Français de l’étranger. Alors qu’elle est en campagne pour la liste ‘’Solidarités Français en Australie’’, de passage à Brisbane, Rendez-Vous Australie l’a rencontrée et interrogée sur son parcours et ses projets.
RDV Australie : Bonjour Elise Léger, vous êtes française, vous vivez à Sydney. Pouvez-vous nous raconter votre parcours et votre arrivée en Australie ?
Elise Léger : Je suis arrivée il y a 6 ans en Australie. Je voulais améliorer mon anglais académique dans le but de faire un doctorat et pouvoir soutenir une thèse en anglais. J’ai choisi l’Australie pour son ensoleillement et aussi le dépaysement qu’offrait le pays par rapport à d’autres pays anglophones.
Je suis actuellement en train de terminer mon doctorat en management organisationnel et sociologie du management, j’y étudie les questions de culture et d’idéologie dans les entreprises et leurs impacts sur les salariés.
Mon rêve serait de devenir ensuite professeur d’université car j’adore enseigner. Je suis d’ailleurs aussi professeur de français à l’Alliance Française de Sydney. C’est une vraie vocation.
Vous vous projetez donc professionnellement en Australie ?
Elise Léger : Oui, et c’est aussi la raison de mon engagement aujourd’hui envers la communauté française. Enfant, j’ai beaucoup vécu à l’étranger, en Afrique et en Amérique latine, où j’ai côtoyé les communautés françaises. Mes parents étaient très impliqués dans la vie associative, je connaissais donc bien ce milieu avant de venir en Australie.
A mon arrivée, je me suis d’ailleurs peu investie car je pensais rester seulement trois ans et poursuivre mon doctorat au Canada. Puis, j’ai eu l’opportunité de faire mon doctorat à Sydney et j’ai rencontré mon mari ici, alors j’ai décidé de rester.
C’est donc tout naturellement que je me suis rapprochée de la communauté française pour garder un lien avec mon pays d’origine. J’ai développé mon réseau de connaissances, fait grandir mon cercle d’amis, participé à des cercles d’entraide… avec l’envie de connaître les gens et de pouvoir les aider en les connectant.
On rappelle que les élections des conseillers des Français de l’étranger devaient initialement avoir lieu en mai 2020. Elles ont dû être reportées en raison de la crise sanitaire. Vous faisiez alors partie d’une liste candidate. Comment vous êtes-vous retrouvée sur cette liste ?
Elise Léger : J’ai tout simplement été contactée par Marie Gittard [tête de la liste ‘Unis dans l’Action’, la liste officielle de la République en Marche, N.D.L.R.] qui m’a proposé d’être sa colistière. J’ai pris cette opportunité comme un challenge personnel mais aussi comme la continuité de mon engagement auprès des Français que je côtoyais déjà à Sydney.
Une fois la liste créée, mon tempérament et mon sens de l’organisation ont fait que j’ai très naturellement pris en main la gestion de la campagne électorale : ordres du jour des réunions d’équipe, compilation des documents, suivi du calendrier des événements, gestion des réseaux sociaux… J’ai alors hérité du titre de directrice de campagne !
En effet, on a vu votre nom sur les réseaux sociaux au moment de la crise de la Covid-19, mais c’était pour animer les pages et groupes Facebook « Solidarité Français en Australie ». Vous avez donc arrêté de faire campagne ?
Elise Léger : Tout à fait. Quand la crise Covid arrive, avec l’équipe, on se dit simplement qu’on doit essayer d’aider les gens en difficulté. On a d’ailleurs changé de nom car il n’était plus question d’élections à ce moment-là. « Solidarité Français en Australie » est né d’une initiative citoyenne.
Nous avons tout d’abord l’idée de créer un groupe Facebook dédié aux Français basés en Australie afin de centraliser et diffuser les informations officielles concernant la crise. On crée aussi des groupes WhatsApp dans chaque État d’Australie pour pouvoir recueillir les demandes et les questions des gens. Pour animer ces groupes, toute l’équipe s’est mobilisée, et on a même été rejoint par une dizaine de bénévoles ! Je dois avouer que nous avons tous été pris de cours par l’ampleur de la tâche. Je passais mon temps sur WhatsApp, j’ai dû mettre ma thèse entre parenthèses… On devait répondre à des appels de détresse, parfois même de détresse psychologique…
Sans qu’on le veuille, on est devenu un support du consulat qui était submergé d’appels et ne pouvait répondre à toutes les demandes.
Quel est le meilleur souvenir que vous retenez de cette action ?
Elise Léger : Je n’avais jamais fait de gestion de crise jusque là. Bien sûr, je n’ai pas géré la crise, mais avoir su traiter autant de demandes, et avoir pu aider autant de gens, sans y avoir été préparée, a été une incroyable expérience. En revanche, j’ai dû aussi apprendre à prendre de la distance avec les réseaux sociaux. J’ai parfois reçu des insultes alors que je ne faisais que transmettre des informations.
A la suite de cette expérience, on vous retrouve aujourd’hui à la tête d’une nouvelle liste pour les futures élections (qui auront lieu le 30 mai prochain). Qu’est-ce que ce statut change pour vous ?
Elise Léger : En effet, Marie Gittard n’a pas souhaité garder la tête de liste mais elle m’a encouragée à poursuivre le travail que j’avais effectué pour « Solidarité Français en Australie » en menant une nouvelle liste du même nom. Cette liste n’est affiliée à aucun parti politique, de nombreux bénévoles ayant participé à notre initiative d’entraide ont souhaité me rejoindre.
Le fait d’être tête de liste cette fois-ci m’expose un peu plus. Je dois faire face à plus de visibilité, mon nom apparaît dans les médias, les gens me contactent… Et au sein de l’équipe qui constitue la liste, mon rôle décisionnel est aussi plus important. Même s’il n’est pas toujours facile de trancher sur certains sujets, je dois dire que la tâche m’est rendue simple car j’ai une équipe incroyablement bienveillante.
Pensez-vous qu’être une femme tête de liste est un avantage ?
Elise Léger : Très certainement. Nous ne sommes que deux femmes parmi les cinq candidats tête de liste, mais je suis aussi la plus jeune candidate. Je pense que c’est un avantage de pouvoir être la seule représentante d’une tranche d’âge. J’espère pouvoir porter la voix des femmes et la voix des jeunes.
Aujourd’hui vous êtes donc en campagne et allez à la rencontre des Français dans plusieurs grandes villes d’Australie. Les préoccupations de vos compatriotes sont-elles les mêmes dans tout le pays ?
Elise Léger : Non, bien sûr. Il faut rappeler aussi que la vie est très différente selon les villes d’Australie.
Par exemple, je reviens de Perth où il y a une forte demande pour la création d’une structure d’enseignement du français pendant la semaine. A ce sujet, Christine Caseris-LeGros, qui est colistière, fait justement partie d’un projet en cours à Perth. On aura beau soutenir le projet, je considère qu’il faut agir pour faire avancer les choses. Et pour agir, il faut être partie prenante. En tant que conseiller consulaire, l’avantage serait d’avoir plus de poids face aux Australiens dans les phases de négociation.
Il y a aussi des préoccupations communes à tous les Français d’Australie. C’est le cas des retraités qui rencontrent des difficultés pour bénéficier de leurs retraites. Ils sont perdus face aux démarches administratives à effectuer, à l’informatique qu’ils maîtrisent peu ou mal, ne peuvent pas facilement ou souvent rentrer en France.
Si vous êtes élue, Elise Léger, quels sont les dossiers sur lesquels vous aimeriez travailler en priorité ?
Elise Léger : Étant moi-même enseignante, je m’investirais volontiers dans les projets d’éducation et de création de nouvelles écoles.
Ce qui me tient aussi énormément à cœur c’est d’avoir cette fonction de relais d’information auprès des citoyens. Je trouve que les citoyens ont manqué d’informations pendant la crise, notamment concernant le SOS (Secours Occasionnel Solidaire). Il s’agit d’une aide financière de l’État français dédiée aux Français de l’étranger en difficulté financière, partout dans le monde. La demande se fait auprès du consulat selon des critères de revenus. Je me désole que ce soit si peu connu. Sur les 50 millions d’euros de l’enveloppe allouée par l’Etat français, seulement un peu plus de 4 millions d’euros avaient été utilisés en décembre. [Ce dispositif exceptionnel est reconduit jusqu’en juin 2021, N.D.L.R.]
J’aimerais aussi que, par l’intermédiaire des conseillers, les Français restent connectés à la France et puissent faire entendre leur voix, malgré l’éloignement géographique. Cela va aussi dans le sens de l’accord cadre entre l’Europe et Australie qui vise à faciliter certains échanges.
On peut développer beaucoup de choses, favoriser la mobilité du personnel, accueillir des entreprises françaises en Australie et les aider à s’implanter. C’est d’autant plus important pour moi d’être reliée à la FACCI [French-Australian Chamber of Commerce.& Industry, N.D.L.R.]. J’aime être proche des entreprises. Je pense que le rayonnement culturel et économique passe par elles. Récemment, j’ai relayé l’information concernant la nouvelle possibilité pour les entreprises étrangères d’embaucher des V.I.E. [Volontaire International en Entreprise, le dispositif des VIE était jusque-là réservé aux entreprises françaises implantées à l’étranger, N.D.L.R.]
Quelle est votre relation avec la France depuis que vous êtes en Australie ?
Elise Léger : Je trouve que le fait de vivre loin de la France, me fait l’aimer encore plus. J’aime énormément ce que la France apporte à la culture en général. Je suis aussi très attachée à la langue française, j’ai fait des études littéraires, et j’enseigne le français. J’aime beaucoup partager ça avec mes élèves. Même si je suis installée ici, je garde avant tout ce lien très fort avec la France, raison notable de mon engagement..
Avez-vous un message à faire passer aux Français qui habitent en Australie ?
Elise Léger : J’ai envie de leur dire d’être fiers d’être Français en Australie. D’être fiers de pouvoir embrasser la culture australienne et de prendre le meilleur des deux cultures.
Quels sont les aspects que vous préférez de la culture française et de la culture australienne ?
Elise Léger : Si je devais garder le meilleur de la culture française, ce serait la cuisine et l’esprit critique !
Pour ce qui est du côté australien, j’apprécie le fait que les Australiens soient plus tempérés, qu’ils acceptent plus facilement des choses. J’aime aussi le rapport qu’ils ont à la nature et au sport que je trouve très sain.
Elise Léger, quel est votre prochain RDV ?
Elise Léger : Mon prochain RDV est un cours de français en ligne avec un des mes étudiants.
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Retrouvez également le portrait de Sébastien Vallérie et l‘interview de Jean-Philippe Grange, actuels conseillers des Français de l’étranger en Australie.