
Le 29 avril 1770, l’explorateur britannique James Cook débarquait en Australie à Botany Bay, à Sydney. Une date importante dans l’histoire collective australienne puisqu’elle marque le début de la présence britannique sur l’île-continent. En 2020, à l’occasion des 250 ans de cet événement, le gouvernement fédéral avait prévu de grandes commémorations à travers le pays, allouant un budget de 50 millions de dollars pour réaménager Kamay Botany Bay National Park. Les différentes cérémonies et événements ont tous été annulés pour cause de pandémie. Une grande déception pour le Premier ministre Scott Morrison qui souhaite que ce jour commémore dorénavant la première rencontre avec les Aborigènes.
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James Cook, l’explorateur du Pacifique
Sujet britannique, James Cook naît en 1728 au nord-est de l’Angleterre. Issu d’une famille modeste, il reçoit cependant une éducation grâce à l’employeur de son père. Il se destine au même métier que ce dernier, alors valet de ferme. À l’âge de 17 ans, il devient apprenti dans un commerce de détail. Très vite, il apparaît que le jeune James n’est pas fait pour cette profession. Il décide alors d’embrasser une carrière au sein de la marine marchande et se forme à la navigation, l’astronomie et les mathématiques. En 1755, il rejoint la Bristish Royal Navy, la Marine royale, en tant que mousse et se fait vite remarquer. Il est rapidement promu second maître, puis maître d’équipage.
Il embarque sur plusieurs bâtiments et participe à la guerre de Sept Ans qui oppose les Anglais au royaume de France. James Cook s’illustre particulièrement lors de l’assaut de la forteresse militaire de Louisbourg contre les Français et lors du siège de la ville de Québec (c’est d’ailleurs en 1763, officialisé par le traité de Paris, que la France cédera le Canada à la Grande-Bretagne). Durant ces années passées à Terre-Neuve, il fournit également un travail remarquable en tant que cartographe-topographe. Ces observations sont d’une grande précision et sont portées à la connaissance de l’amirauté britannique et de la Royal Society. Les cartes qu’il dessine à cette époque serviront pendant plus de deux cents ans, jusqu’au XXe siècle. Fort de son expérience et de son expertise, James Cook est ensuite nommé à la tête de trois expéditions dans le Pacifique.
C’est au cours de son premier voyage (1768-1771) que James Cook débarque en Australie, à Botany Bay, le 29 avril 1770. Lors de sa seconde expédition (1772-1775), alors devenu capitaine, il découvre entre autres les îles Sandwich du Sud, la Géorgie du Sud, la Nouvelle-Calédonie et le Vanuatu (anciennement Les Nouvelles-Hébrides), qu’il cartographie. Il nomme ainsi les deux archipels car leurs paysages montagneux lui rappellent les îles écossaises. Calédonie étant le nom latin de l’Écosse et les Hébrides forment un ensemble de petites îles à l’ouest des Highlands. C’est après sa troisième et dernière expédition (1776-1779) qu’il meurt, assassiné, sur l’île d’Hawaï après que des querelles ont éclaté entre les marins et les locaux.
James Cook laisse derrière lui un héritage scientifique inestimable, dont les premiers relevés hydrographiques à grande échelle et une contribution significative de la mesure de la longitude. Il est également admiré pour son talent de navigateur chevronné et son rigoureux esprit de corps et de commandement.
Le 29 avril 1770, à Botany Bay
La première expédition de James Cook est commissionnée par la Royal Society of London. Reconnu pour ses relevés astronomiques et cartographiques, il est envoyé dans le Pacifique pour observer le transit de Vénus afin d’aider les scientifiques à mesurer la distance entre la terre et le soleil. Mais il est aussi mandaté par la couronne britannique pour explorer cette partie du monde à la recherche du continent austral, évoqué à maintes reprises par plusieurs navigateurs et savants.
Après avoir longé la côte est australienne et aperçu des Aborigènes depuis leur navire HMS Endeavour, James Cook et ses hommes décident de toucher terre le 29 avril 1770 à Kurnell, à Botany Bay, territoire du peuple Dharawal. Il la nomme Stingray Bay en raison du nombre impressionnant de raies qui s’y trouvent. Cette date marque ainsi un tournant dans l’histoire contemporaine de l’Australie. Ils y resteront huit jours, durant lesquels Joseph Banks, célèbre botaniste, documentera abondamment une faune et une flore exceptionnelles. James Cook rebaptisera d’ailleurs la région Botany Bay après l’engouement des scientifiques. Le 22 août de la même année, James Cook revendique au nom de l’empire britannique la prise de possession de la côte est de l’Australie.
Parallèlement, la date est controversée. D’après le journal de bord du navigateur, la première rencontre entre l’équipage et les hommes Gweagal n’aurait pas été pacifique. En effet, des hommes Gweagal, armés de lances, auraient accueilli l’équipage qui, à son tour, aurait riposté par armes à feux après que plusieurs tentatives de prise de contact aient échoué. L’équipage aurait fini par atteindre le village des Gweagal et aurait emporté avec lui de nombreux objets dont un précieux bouclier en écorce. Aujourd’hui, il fait partie des collections du British Museum. Plusieurs militants menés par Bermagui’s Rodney « Murrum » Kelly réclament son retour en Australie et sa restitution au peuple Dharawal.
Une nouvelle ère
Malgré cette controverse, le gouvernement australien actuel souhaite que ce jour ne soit plus associé uniquement au débarquement du capitaine James Cook en Australie. Mais qu’il symbolise également la rencontre avec le peuple aborigène et le chemin parcouru entre deux cultures vers une histoire commune. Outre l’obélisque érigé depuis 1870 en mémoire de ce dernier à Kurnell, sur la pointe sud de Botany Bay, trois nouvelles sculptures en bronze ont fait leur apparition depuis le week-end dernier : The Whales, The Canoes and The Eyes of the Land and the Sea.

The Eyes of the Land and the Sea se veut la représentation à la fois des carcasses d’une baleine et d’un canoë ou l’incarnation de deux « points de vue d’une histoire commune », comme l’explique l’artiste Alison Page. « La sculpture est érigée sur l’estran, à mi-chemin entre le navire [le bâtiment HMS Endeavour, N.D.L.R] et la côte, où réside l’essence de l’Australie contemporaine ».
Le Premier ministre australien Scott Morrison a d’ailleurs déclaré que ce 29 avril 1770 était un jour historique, « le point de départ d’un long cheminement ». Avant d’ajouter « nous honorons la résilience, la sagesse, la maîtrise et l’engagement des peuples aborigènes et des insulaires du détroit de Torres. La culture autochtone est une composante fondamentale de l’Australie contemporaine. […]. Nous sommes aussi reconnaissants envers l’incroyable James Cook dont la passion pour les sciences et découvertes a joué un rôle primordial dans la construction de la société australienne telle que nous la connaissons aujourd’hui ».
Très intéressant! C’est certain que c’est grace a lui que le Pacifique commenca a etre mieux connu. Les cartes géographiques publiés avant lui sont tres imprécise .