
Yuka débarque en Australie ! Un phénomène planétaire qui, depuis sa création en 2017, rassemble près de 20 millions d’utilisateurs dans le monde. L’application mobile made in France qui vous dit tout sur la composition de vos aliments et de vos produits de beauté est arrivée en Australie ! Disponible depuis octobre, Yuka « décrypte les étiquettes de vos produits alimentaires et cosmétiques et analyse leur impact sur la santé ».
La rédaction de Rendez-Vous Australie est conquise depuis des années. Alors nous ne pouvions passer à côté ! D’ailleurs, nous nous sommes entretenues avec Ophélia Bierschwale, chargée de presse pour l’application mobile. Elle nous explique son fonctionnement.
RDV : L’Australie, c’est loin de chez vous ! Pourquoi avoir choisi cette destination ?
Ophélia Bierschwale : Nous avons reçu un grand nombre de demandes de la part de francophones résidant en Australie. Mais également d’Australiens qui souhaitaient pouvoir utiliser l’application dans leur pays.
Avez-vous des équipes en Australie ? L’envisagez-vous ?
Ophélia Bierschwale : Non, à ce jour, nous n’avons pas d’équipe présente en Australie. Actuellement, nous gérons toutes les demandes depuis nos bureaux français. C’est également le cas pour les autres pays où nous sommes présents. C’est-à-dire en Belgique, en Suisse, au Luxembourg, en Espagne, au Royaume-Uni, en Irlande, aux USA et au Canada.
En tant qu’application mobile, tout (ou presque) peut se gérer en ligne ou par téléphone. Nous envisagerons éventuellement d’avoir un représentant sur place lorsque nous aurons davantage d’utilisateurs en Australie.
Pourriez-vous nous rappeler le nombre d’utilisateurs de Yuka dans le monde ? Et en Australie depuis votre lancement ?
Ophélia Bierschwale : Presque 20 millions de personnes dans le monde (19,8 millions plus exactement) utilisent Yuka.
En Australie, nous avons déjà acquis plus de 10 000 utilisateurs. Un mois après son lancement, c’est un très bon départ !
Techniquement, comment cela marche-t-il ? Vous répertoriez vous-même tous les produits australiens ?
Ophélia Bierschwale : Yuka a constitué sa propre base de données sur l’alimentaire et sur les cosmétiques. Aujourd’hui, nous alimentons cette base selon plusieurs méthodes.
Tout d’abord, nous comptons sur les contributions des utilisateurs qui peuvent renseigner directement à travers l’application les produits non reconnus par Yuka. Après avoir scanné le code-barres d’un produit, ils y ajoutent une photo du packaging, ainsi qu’une photo de la liste des ingrédients qui le composent. De nombreux systèmes de contrôle permettent ensuite de s’assurer de l’exactitude des informations.
En Australie, avant le lancement, nous avons travaillé avec plusieurs « ambassadeurs » et freelances qui se sont chargés d’ajouter les produits inconnus dans la base de données de Yuka. Cela nous a permis de disposer et d’étoffer notre base dès le début.
Puis, nous collaborons avec les marques qui nous donnent directement accès aux informations de leurs produits. Aujourd’hui, nous travaillons avec de nombreuses marques et groupes industriels sur la transmission de données produits.
Ces informations correspondent à celles que l’on retrouve sur les étiquettes des produits. Elles sont obligatoires. Donc il n’y a donc aucun conflit d’intérêt. Nous avons par ailleurs mis en place plusieurs systèmes de contrôle des informations, en amont et en aval de l’ajout.

Comment garantissez-vous votre impartialité aux utilisateurs ?
Ophélia Bierschwale : Yuka est bien une application 100 % indépendante. Cela signifie que les évaluations et les recommandations de produits sont faites de façon totalement objective.
Aucune marque ni aucun fabricant ne peut les influencer d’une manière ou d’une autre. Par ailleurs, l’application ne fait aucune publicité.
Vous analysez les ingrédients qui composent les produits alimentaires et cosmétiques selon leur niveau de dangerosité/risque. Comment évaluez-vous ces niveaux ? Quelles sont vos sources et références ?
Ophélia Bierschwale : Notre notation des produits alimentaires s’articule autour de trois principaux critères.
- La qualité nutritionnelle qui représente 60 % de la note (calories, sucre, sel, graisses saturées, protéines, fibres, fruits et légumes).
- Les additifs qui représentent 30 % de la note du produit.
- La dimension biologique qui représente 10 % de la note.
Comme évoqué ci-dessus, les additifs représentent 30 % de la note du produit. Pour cela, nous nous basons sur de nombreuses sources ayant étudié la dangerosité des additifs alimentaires.
Notre référentiel pour l’analyse des additifs se base sur l’état de la science à ce jour. Nous prenons en compte :
- Les rapports d’expertise collective européenne et internationale comme l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), ou encore le CIRC (Centre international de Recherche sur le cancer).
- L’ensemble des études scientifiques indépendantes.
- Le détail du risque associé à chaque additif, ainsi que les sources scientifiques correspondantes, sont affichés directement dans l’application.

Notre notation des cosmétiques se base sur l’analyse de l’ensemble des ingrédients entrant dans la composition du produit. Toujours en se basant sur l’état de la science à ce jour, chaque ingrédient se voit attribuer un niveau de risque en fonction de ses effets potentiels et/ou avérés sur la santé.
Cela comprend les perturbateurs endocriniens, cancérigènes, allergènes ou encore irritants. Les risques potentiels associés à chaque ingrédient sont affichés dans l’application, avec les sources scientifiques associées.
Les ingrédients sont classées en quatre catégories de risque : sans risque (pastille verte), risque faible (pastille jaune), risque modéré (pastille orange) et risque élevé (pastille rouge). La note dépend du niveau de l’ingrédient avec le plus haut niveau de risque présent dans le produit.
Ainsi, si un ingrédient à risque élevé (rouge) est présent dans le produit, la note sera automatiquement dans le rouge (soit en dessous de 25/100). Si l’ingrédient avec le niveau de risque le plus élevé est un ingrédient à risque modéré (orange), la note du produit sera alors médiocre (en dessous de 50/100).
Ensuite, c’est la présence d’autres ingrédients qui déterminera précisément la note parmi la fourchette définie.
L’analyse des cosmétiques se base sur l’ensemble des travaux scientifiques existants à ce jour pour chacun des ingrédients. Par principe de précaution, dès qu’un ingrédient est sujet à controverse, un malus lui est appliqué.
À l’instar de l’alimentaire, Yuka s’appuie sur de nombreuses sources pour son évaluation des cosmétiques :
- Les avis d’instances officielles telles que l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), le CSSC (Comité Scientifique Européen pour la Sécurité des Consommateurs), le CIRC (Centre international de Recherche sur le Cancer) ou encore le CNRS (Centre national de la recherche scientifique).
- Les études scientifiques indépendantes.
- Les bases de données scientifiques internationales (SIN List, TEDX List, Skin Deep, etc.).
Pour chaque ingrédient auquel est affecté un niveau de risque, la liste des sources ayant conduit à l’évaluation est affichée dans l’application en dessous de l’ingrédient.
Comment ne pas sombrer dans la psychose alimentaire avec toutes ces informations ?
Ophélia Bierschwale : Le but de l’application n’est pas de pousser à consommer uniquement des produits notés « excellents » et à rejeter totalement tous les autres produits de manière psychotique.
Notre évaluation a pour vocation de permettre à chacun de prendre conscience des produits que l’on consomme. L’idée n’est pas de bannir les produits mal notés. Il s’agit plutôt d’ajuster les quantités consommées si besoin est.
Yuka est un outil qui aide nos utilisateurs à adopter une alimentation plus saine et équilibrée. Tout en laissant, bien entendu, un peu de place à des aliments plaisirs de temps en temps !
Observez-vous des différences notables entre l’Australie et les autres pays où vous avez lancé l’application ?
Ophélia Bierschwale : Effectivement, nous avons dû adapter l’application à l’Australie en raison du tableau nutritionnel qui n’est pas présenté de la même façon qu’en Europe ou en Amérique du Nord.
Par exemple, les calories sont affichées en kilojoules et non en kilocalories. Les packagings australiens mentionnent une serving size. La teneur en sel est indiquée en milligramme de sodium et non en gramme comme en France.
Les additifs ne sont pas nommés de la même façon non plus. En Europe, ils commencent par la lettre « E- » suivie de trois chiffres. En Australie, ils ne sont nommés que par des chiffres. Par ailleurs, nous avons ajouté des catégories de produits spécifiques à l’Australie.
Quel est votre modèle économique aujourd’hui ?
Ophélia Bierschwale : Le projet Yuka est financé via quatre sources de revenus.
En plus d’une version gratuite, nous avons créé une version payante. Les utilisateurs qui le souhaitent peuvent devenir membre et souscrire à l’offre Premium. Cette offre propose des fonctionnalités supplémentaires. D’ailleurs, elle sera prochainement disponible en Australie.
On y retrouve une barre de recherche, un mode hors-ligne et un historique illimité. Mais aussi des alertes personnalisables, comme la présence de gluten, d’huile de palme et de lactose. Ou encore des indications pour ceux qui suivent une alimentation végétarienne ou vegan.
Nous commercialisons aussi notre guide de l’alimentation saine, disponible sur le site Yuka et dans toutes les librairies françaises, et un calendrier des fruits et légumes de saison, mais uniquement vendu en France.
Enfin, nous avons créé un programme nutrition qui permet d’acquérir les bases d’une alimentation saine en dix semaines. Il est disponible en ligne, en français.
Comment les industriels de l’agro-alimentaire et de la cosmétique vous perçoivent généralement ?
Ophélia Bierschwale : Nous avons une relation assez constructive avec les industriels en Europe. Ils ont compris qu’il s’agissait d’un mouvement de fond mené par les consommateurs.
D’ailleurs, ils sont de plus en plus nombreux à nous contacter pour nous demander de partager en toute transparence leurs données produits. Et je rappelle qu’il s’agit de données publiques, il n’y a donc aucun conflit d’intérêt. Ils nous consultent également avant le lancement d’un produit sur le marché pour connaitre la note Yuka qu’ils obtiendraient.
Nous constatons aussi que de plus en plus de compositions sont modifiées pour réduire ou supprimer des ingrédients controversés. Nous avons réalisé une étude auprès de 230 000 utilisateurs et 20 marques pour connaître l’impact de Yuka. Les résultats sont très parlants et prouvent que Yuka a bien un impact sur les industriels.
D’ailleurs, la grande distribution australienne vous connaît-elle ? Avez-vous des retours en Australie depuis votre lancement ?
Ophélia Bierschwale : Il faudrait leur poser la question… Non pas encore de retour !
Vous nous racontez l’histoire de votre nom et de votre logo ?
Ophélia Bierschwale : Lorsqu’il a fallu baptiser l’application, Benoît (co-fondateur) a trouvé l’inspiration auprès de sa femme. Elle vient du Mexique, et plus exactement de l’État du Yucatán !
C’est donc un peu en hommage à cette belle région, et à un amour sans frontières, que Yuka a été nommée. Et la carotte parce qu’on aime tous la carotte chez Yuka et qu’elle représente le bien manger !
Ophélia Bierschwale, quel est votre prochain rendez-vous ?
Ophélia Bierschwale : Personnellement, j’ai rendez-vous à l’atelier pour faire réparer mon vélo dans deux heures !
Et dans cinq minutes, j’ai rendez-vous avec le reste de l’équipe Yuka pour le petit point café du lundi puisque nous sommes en télétravail. Épidémie oblige…
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